On s’aperçoit que toutes les grandes histoires d’amour ont été racontées, lorsque l’on se sent auteur dans l’âme et que l’on se saisit d’un stylo pour écrire la sienne. On trouve alors à notre histoire de flagrantes similitudes avec celles que d’autres ont auparavant immortalisées sur pellicule, petit écran, grand roman, voire même papier glacé. Et si l’ordinaire de notre situation était justement le meilleur remède contre le chagrin d’amour ?
Il fut un temps où nous étions comme Danny et Sandy à la fin du film. Bêtement souriants et béats à l’idée de se retrouver, de se toucher et de s’embrasser. Nous étions ces jeunes gens qui, ensemble, décidaient d’emprunter un véhicule bancal vers de nouveaux cieux instables. Bancal, instables, car nos deux êtres étaient alors uniquement animés par l’amour. La raison avait peu d’importance, seuls « nous deux » comptait. On était beau, amoureux et nous décollions vers une idylle parfaite.
Doucement, nous nous sommes mis à ressembler à Anjelica Houston et Jack Nicholson. Un couple inséparable qui transpirait le sexe et la passion. Le temps ne semblait pas avoir de prise sur nous. Peu importe les années qui s’écoulaient peu à peu, nous étions toujours côte à côte. Pourtant, quelque chose commençait à se fissurer en coulisse. Le manque d’investissement de l’un, le poids des sacrifices de l’autre. Ce quelque chose allait lentement transformer l’amour en une triste tendresse.
Nous étions devenus comme Barbra Streisand et Robert Redford dans Nos plus belles années. Un attachement tenace nous reliait encore et d’aucun ne pouvait souffrir l’idée de devoir se séparer. Pourtant, la force des choses nous y a contraints. L’un et l’autre ne regardaient plus dans la même direction, ne fixaient plus le même objectif. Un entendement impossible qui bientôt fit s’écrouler le socle pourtant de marbre sur lequel les deux s’étaient construits.
Après avoir souffert mille maux comme Carrie Bradshaw, héroïne tragi-comique en souliers d’argent, on s’aperçoit finalement que la grandeur du couple ne tient qu’à l’angle sous lequel on le regarde. Pour moins souffrir, il suffit de détruire l’image de l’idylle. Finalement, nous étions comme Rocco Siffredi et Kelly Stafford. Un simulacre de couple aux élans d’affection factices. Deux enfants qui s’amusaient à faire les grands, un honteux souvenirs que l’on préfère dissimuler aux archives.