Si, en ce mercredi 8 août 2018, la température extérieure se veut plus clémente, les jours passés ont, pour ma part, rimé avec sueur et dessèchement. Une seule pensée habitait mon esprit hébété par la moiteur ambiante : retrouver la douceur angevine d’un endroit frais.
Vendredi, 19 h 30. Devant mon écran.
Décidée à mettre à jour ce maudit blog, j’ai installé mon ordinateur sur la table de la salle à manger. Pourtant, je reste là, debout, incapable de m’asseoir. La sueur perle à mon front. Dans un ultime effort, j’ai enfilé un débardeur de coton et un short – court, le plus léger possible. Je n’ai pas moins chaud pour autant. Je redoute l’instant fatidique où, lasses, mes pauvres cuisses moites vont fatalement adhérer au simili cuir rouge qui recouvre l’assise de mes chaises. Ces chaises, encore l’une de mes brillantes idées. Des trésors vintage du milieu des années 70… Tu parles ! J’aurais mieux fait d’acheter deux paires d’Ypperlig chez Ikea !
Vendredi, 20 heures. Toujours debout (tel Renaud).
Bon, il faut le faire, se mettre à écrire. Une petite heure de souffrance et je pourrais prendre une douche froide salvatrice. J’ai la désagréable impression qu’un insecte descend le long de ma colonne vertébrale. Non, c’est une goutte de sueur. J’en suis là de mes élucubrations, quand soudain, le téléphone sonne. Dieu merci, un moment de répit.

Vendredi, 22 heures. En terrasse.
Ma mère meurt de chaud et d’ennui. Alors qu’elle se liquéfiait progressivement, un réflexe de survie a traversé son être. Profiter de la fraîcheur du soir… Vite. Nous voici donc en terrasse, près d’un multiplexe. Comme à mon habitude, j’ai commandé une pina colada. Hypnotisée, j’observe la condensation perler tout autour du verre. Doucement, j’en prélève la substantifique moelle du bout des doigts, et étale discrètement ces quelques gouttes de fraîcheur sur mes joues rougeâtres. Je pense que si la décence me le permettait, j’empoignerais le verre à pleines mains et le frotterais absolument partout, sur chaque parcelle de mon corps. J’enlèverais même mon soutien-gorge pour me le coller sous les nibards, et… « Qu’est-ce tu fous ? La séance est à 22h30, faut qu’on y aille. » C’est donc ainsi, comme une enfant triste, que j’abonne cette merveilleuse condensation et ces glaçons à demi fondus sur la table du restaurant. Ma mère me tire par le bras. Peu à peu, la douce fraîcheur apéritive s’éloigne, et je sens mon cœur se serrer un peu plus. Au revoir, cher ami. Puisse ton verre ne jamais souffrir de l’eau calcaire des lave-vaisselle, et ta contenance toujours déborder d’alcool glacé. Amen.

Vendredi, 22 h 30. Salle 15, siège 14, rang F.
Dieu bénisse l’être qui a inventé la climatisation. Et celui qui l’a activée dans cette salle. Et le réalisateur de Mamma mia : here we go again. Des étendues d’eau bleue à perte de vue, une tempête, la pluie… Quel génie créatif ! J’ai l’impression de flotter au dessus de mon siège, je suis si légère, si légère ! Je nage dans les airs. Un courant d’air caresse mes flancs, qui se délectent de cette accalmie que lui procure la fraîcheur retrouvée, tant désirée, tant espérée. Je plonge vers l’écran telle une sirène et me surprend à fredonner « Waterloo, I was defeated, you won the war »… Et puis, c’est la fin. Super trouper. Je retombe brusquement sur mon siège. La chaleur s’immisce déjà à nouveau dans mes chairs meurtries.
Dimanche, 18 h 00. Chez mes parents.
En plein travaux de rénovation, mon corps n’est que sueur. Tout, de mes cheveux jusqu’au bout de mes orteils, tout est trempé. Plus un poil de sec. J’ai grand peine à démonter ce maudit parquet, mais j’en viens à bout. Il faut ensuite que j’arrache, au ras du sol, les clous qui maintenaient la plinthe au mur. J’attrape une pince multiprise, la tient fermement, mais rien n’y fait : ce connard de clou de merde me résiste. Je tire plus fort, mes mains moites lâchent prise et… éraflent le sol de béton brut. Les jointures en sang, je maudis le jour où l’être humain a, pour la première fois, laissé s’échapper un gaz carbonique dans l’atmosphère. Putain de réchauffement climatique.
Dimanche, 20 h 30. Chez mes parents.
J’ai trop chaud. Je vais mourir.
Dimanche, 21 h 30. Hôtel Campanile, chambre 15.
Dieu bénisse l’être qui a inventé la climatisation. Et celui qui l’a activée dans cette chambre. Et le saisonnier à l’accueil qui m’a garantit qu’ils acceptaient les chiens. Et le fondateur de Louvre hotel group. Et l’inventeur du distributeur de glaçons, celui de la douche, de l’eau, du carrelage froid, des Mister Freeze et de la San Pellegrino glacée. MERCI.
Lundi, 15 h 30. Au bureau.
Maudit soit celui qui a inventé la climatisation. Ou plutôt, celui qui la maintient trop froide. On se les gèle, je grelotte presque. Ça suffit, j’en ai assez. Je saisis la maquette du magazine que je suis en train de corriger, j’attrape mon sac et je sors. Chez moi au moins, il fait chaud, mais pas glacial. Je n’ai pas à y porter des moufles en plein mois d’août. Je reviendrais quand j’aurais terminé.
Lundi, 16 h 30. Chez moi (48 degrés).
Quelle idée de merde, sérieux.
Lundi, 17 h 00. Agence de voyage Euromoselle.
« Bonjour ! Un aller simple pour la Laponie, s’il vous plaît. Merci. »
Rendez-vous à la prochaine aurore polaire,
Bien cordialement,